Mbyo, village de réconciliation - Guide Rwanda - Mapendano Voyages

Mbyo, village de réconciliation

Le Rwanda, marqué par l’un des génocides les plus dévastateurs de l’histoire récente, s’est efforcé de reconstruire sa société sur des bases de paix, d’unité et de réconciliation. Dans ce contexte, Mbyo, une petite commune située dans le district de Bugesera, est devenu un symbole remarquable de cette reconstruction nationale. Il est l’un des 8 « villages de la réconciliation » ou « villages de paix » qui abritent à la fois des survivants du génocide Tutsis et d’anciens bourreaux Hutus. Ensemble, ces habitants ont choisi de vivre côte à côte, surmontant le passé afin de bâtir un avenir commun basé sur le pardon et la coexistence pacifique.

Contexte historique

Le génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994 a coûté la vie à près de 800000 à un million personnes en l’espace de cent jours. Ce massacre brutal a laissé une société déchirée, pleine de traumatismes, de méfiance et de divisions. La création de villages de réconciliation comme Mbyo, s’inscrit dans ce cadre. Il faut noter que le génocide a non seulement coûté de nombreuses vies, mais il a aussi détruit les moyens de subsistance de plusieurs familles. Les survivants étaient incapables de retourner dans leurs villages, tandis que les bourreaux, incarcérés, se retrouvaient sans domicile.

Fondation du village de Mbyo

Le village de Mbyo a été fondé au début des années 2000 dans le cadre des efforts de réconciliation nationale. Il a été créé grâce à l’initiative du gouvernement rwandais, dirigé par Paul Kagame, et son partenariat avec la Prison Fellowship Rwanda, une organisation à but non lucratif. Au début, 15 maisons ont été construites afin de voir si les survivants et les anciens génocidaires pouvaient cohabiter et vivre ensemble. Puisque l’expérience a fonctionné, les autorités continuent de soutenir les villageois et de bâtir de nouvelles habitations. Actuellement, on recense environ une soixantaine de familles qui résident à Mbyo. Il faut noter que plus de la moitié des habitants de cette localité sont des femmes. 

Le processus de création de telles communes a souvent été accompagné de programmes de justice restauratrice, comme les Gacaca. Ces derniers sont des tribunaux communautaires mis en place pour juger les auteurs de crimes liés au génocide. Les personnes qui avaient purgé leurs peines ou montré un sincère repentir étaient souvent réintégrées dans ces villages.

À Mbyo, les anciens génocidaires vivent aujourd’hui en voisins directs des survivants. C’est un processus douloureux, mais aussi puissant. Les habitants, aussi bien les bourreaux repentant que les victimes, participent à des programmes de dialogue, d’écoute et de guérison collective. Le village lui-même a été construit sur les ruines du passé, mais avec une volonté commune de créer un espace où la confiance, la paix et la solidarité peuvent renaître.

Modèle de cohabitation

Ce qui rend Mbyo particulièrement unique, c’est la manière dont la réconciliation se traduit dans la vie quotidienne. Le village se distingue par l’accent mis sur la cohabitation pacifique et le rétablissement des relations sociales. Les habitants, malgré les horreurs du passé, s’entraident afin de reconstruire leur vie. Les initiatives locales incluent :

  • La construction de maisons et d’infrastructures communes
  • Le partage des ressources agricoles
  • L’organisation d’activités communautaires favorisant l’entraide.

Les habitants participent ensemble à des groupes d’épargne communautaire, cultivent ensemble leurs champs et collaborent pour les travaux quotidiens. Ce mode de vie coopératif encourage une interdépendance qui transcende les divisions ethniques et politiques du passé.

Par ailleurs, ce procédé de cohabitation ne se fait pas sans défis. Pour beaucoup de survivants, vivre à côté des personnes qui ont participé au massacre de leurs proches est un processus émotionnellement complexe. Cependant, le dialogue, l’ouverture et la transparence, souvent facilités par des médiateurs et des psychologues ou psychothérapeutes, joue un rôle central dans la guérison.

Les tensions du passé sont discutées clairement, et les excuses formelles des bourreaux à leurs victimes ne sont pas rares dans ces échanges. Pour beaucoup d’anciens génocidaires, le fait de pouvoir demander pardon et travailler à reconstruire les vies qu’ils ont aidé à détruire constitue une forme d’expiation. Du côté des survivants, le pardon n’efface pas les cicatrices du passé et est souvent difficile à accorder. Toutefois, c’est un moyen de libération, tant pour eux-mêmes que pour la communauté.

Comment s’y rendre ?

Aller à Mbyo est assez simple. Toutefois, il est recommandé de contacter à l’avance un habitant du village, une ONG ou une institution locale afin d’obtenir des informations précises sur les trajets. Celles-ci peuvent également organiser un accueil. 

En voiture ou en taxi

Le village de Mbyo se trouve à environ 40 à 50 km au sud de Kigali. Pour ceux qui souhaitent y aller avec leur voiture personnelle ou qui prévoient d’en louer une, le trajet depuis la capitale dure à peu près 1 à 1,5 heure selon les conditions de la route. En outre, des taxis privés sont également disponibles pouvant assurer le transport depuis Kigali à Mbyo. Toutefois, il faudra négocier le tarif à l’avance.

En transport local

Depuis la gare routière de Nyabugogo à Kigali, les visiteurs peuvent prendre un bus en direction de Nyamata, la ville principale du district de Bugesera. Une fois arrivé, il faut prendre un moyen de transport local (moto-taxi ou taxi partagé) pour se rendre à Mbyo qui est à environ 15 à 20 km de Nyamata.

Guides locaux ou ONG

Pour ceux qui se rendent à Mbyo dans le cadre d’un programme de sensibilisation ou de réconciliation, certaines ONG ou groupes organisent des visites. Dans ce cas, le transport est souvent pris en charge par l’organisation.  

Le village de Mbyo aujourd’hui

Malgré les progrès réalisés, la vie à Mbyo n’est pas sans difficulté. Les traumatismes du passé ressurgissent parfois, surtout lors des périodes d’anniversaire du génocide, un moment où les souvenirs douloureux reviennent en surface pour de nombreuses familles. C’est là que le soutien psychologique et les dialogues communautaires jouent un rôle crucial, en aidant les individus à traverser ces périodes difficiles.

Par ailleurs, Mbyo, comme de nombreux autres villages ruraux du Rwanda, doit faire face aux défis économiques. Les infrastructures sont souvent limitées, et les ressources pour le développement sont rares. Cependant, ces obstacles n’ont pas entamé la détermination des habitants de continuer à vivre ensemble. Le village est souvent soutenu par des ONG internationales et locales, qui aident à financer des projets agricoles et des programmes éducatifs pour les enfants.

Activités

Tourisme communautaire

L’une des activités principales à Mbyo est le tourisme communautaire. Visiter ce « village de réconciliation » permet aux visiteurs de mieux comprendre le processus de réconciliation après le génocide au Rwanda. Il est possible d’interagir avec les habitants. Les visiteurs peuvent déguster leurs plats et boissons traditionnels, assister à des dialogues communautaires et participer à des activités culturelles ou artisanales locales. Cela peut inclure des ateliers de fabrication d’objets artisanaux, de danse ou de musique traditionnelle rwandaise.

Exploration des collines environnantes

Les paysages vallonnés de Bugesera offrent de belles occasions de randonnée et de promenade à travers la nature. Les visiteurs peuvent explorer les collines environnantes, profiter de vues panoramiques et découvrir la campagne rwandaise authentique. Ces balades permettent également de rencontrer les agriculteurs locaux et d’en apprendre davantage sur les récoltes dans la région.

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