Le lac Kivu est un des plus grands lacs d’Afrique centrale, situé à la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Unique en son genre, il possède des caractéristiques naturelles étonnantes qui attire l’attention des scientifiques, des écologistes et des touristes. C’est à la fois un réservoir de biodiversité, une source d’énergie potentielle, et un paysage à couper le souffle. Cependant, il s’agit également d’un lieu marqué par des dangers potentiels liés à sa géologie et sa chimie inhabituelle.
Le lac Kivu se trouve dans la vallée du Rift Albertin. Il couvre une superficie de près de 2700 km2. Sa longueur est approximativement de 90 km, et sa largeur varie entre 30 et 50 km. Sa profondeur maximale, mesurée à environ 485 mètres, en fait l’un des lacs les plus profonds d’Afrique. Le lac Kivu est entouré de montagnes et de collines luxuriantes, créant un paysage spectaculaire, apprécié par les visiteurs pour ses panoramas exceptionnels. Il est aussi une frontière naturelle entre deux pays, la RDC à l’ouest et le Rwanda à l’est. Les villes de Bukavu et Goma (RDC) et Kibuye, Gisenyi et Cyangugu (Rwanda) sont situées sur ses rives. Le lac se déverse dans la rivière Ruzizi, qui s’écoule vers le lac Tanganyika au sud.
L’une des particularités les plus intrigantes du lac Kivu est sa composition chimique unique. Contrairement à la plupart des lacs, celui-ci est un « lac méromictique », c’est-à-dire que ses eaux ne se mélangent pas uniformément. Les couches d’eau à différentes profondeurs conservent des compositions chimiques distinctes, notamment des concentrations élevées de gaz dissous. En effet, le fond du lac regorge d’environ 60 km3 de méthane (CH4) et 300 km3 de dioxyde de carbone (CO2).
Des activités volcaniques sous le fond du lac sont à l’origine de ces gaz. En effet, le lac Kivu se trouve dans une zone géologiquement active, à proximité de plusieurs volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira. Cela fait de cette région une véritable bombe à retardement en termes de libération de gaz.
Ce phénomène est source de préoccupations. Dans certaines conditions, ces gaz dissous pourraient être libérés brutalement dans ce qu’on appelle une « éruption limnique », semblable à ce qui s’est produit dans les lacs Nyos et Monoun au Cameroun dans les années 1980. Il est probable qu’une telle éruption entraîne des conséquences dévastatrices pour les populations locales, en libérant une énorme quantité de gaz toxiques dans l’atmosphère.
Le lac Kivu est aussi une région importante pour la biodiversité. Sa faune et sa flore sont spécifiques à cet environnement unique. Les petites îles sur le lac constituent des abris et abritent diverses espèces d’animaux. On y trouve :
Le lac accueille également plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques ou migrateurs telles que :
Environ 28 espèces de poissons (tilapia, Isambaza, etc) ainsi que 4 espèces de crabes d’eau douce vivent dans le lac. Sur l’une des îles du lac (l’île Tembabagoyi), on peut voir une espèce de chauve-souris endémique appelée la roussette paillée africaine.
Malgré les risques liés à la composition chimique du lac, le méthane dissous représente également une ressource précieuse. Les scientifiques et les entreprises y ont vu un potentiel énergétique qui pourrait bénéficier aux populations locales des deux côtés du lac.
Des projets sont en cours pour exploiter ce méthane à des fins de production d’électricité. L’une des initiatives les plus notables est le projet KivuWatt, lancé par une entreprise énergétique internationale. Ce projet a pour but d’extraire le méthane dissous des profondeurs du lac et de l’utiliser pour générer de l’électricité. Cela permet de :
Par ailleurs, quelques centrales de méthane sont aujourd’hui installées au bord du lac, permettant de générer plus de mégawatts d’électricité pour le Rwanda.
En plus de son potentiel énergétique, le lac Kivu est une ressource clé pour les communautés locales. La pêche artisanale est une activité économique majeure autour du lac. Les marchés de poissons frais sont un spectacle courant dans les villes environnantes.
Bien que le lac Kivu offre de nombreuses opportunités, il est aussi confronté à plusieurs défis environnementaux et sociaux. Le plus préoccupant est le risque d’éruption limnique, comme mentionné plus tôt. Les efforts pour extraire le méthane contribuent à atténuer ce danger, mais le risque n’a pas été entièrement éliminé. Une libération de gaz pourrait causer des décès massifs et des dégâts environnementaux.
Par ailleurs, la déforestation des rives menace fortement la biodiversité du lac. De plus, nombreuses activités humaines détériorent également ses eaux, notamment :
En outre, afin de garder un œil sur les changements que l’exploitation de gaz dans le lac provoque, un programme de surveillance appelé « Lake Kivu Monitoring Programme » (LKMP). Cette initiative est entreprise au Rwanda par l’Eawag (Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau).
Outre son potentiel économique, le lac Kivu est aussi un haut lieu du tourisme dans la région. Il offre une diversité d’activités pour les visiteurs.
Les amateurs de randonnée seront ravis avec les 230 km de sentiers balisés qui longent le lac. Que ce soit à pied ou à vélo, les parcours permettent de sillonner les forêts et les montagnes aux alentours et de découvrir des panoramas époustouflants sur le lac. Par ailleurs, les randonnées sont des occasions de rencontrer les populations locales ainsi que les paysans en train de cultiver les champs de café, de manioc et de thé.
Les plages de sable environnantes sont des lieux idéaux pour se détendre. De plus, la température des eaux du lac oscille entre 23°C et 27°C, ce qui est idéal pour les baignades.
Par ailleurs, ceux qui préfèrent des activités nautiques peuvent aussi faire de la planche à voile, du kayak, du canoë ou s’adonner à la pêche.
On trouve de nombreuses compagnies proposant des excursions en bateau et des croisières sur le lac Kivu. C‘est l’occasion de voir de près les îles pittoresques telles que :
Les visiteurs peuvent en profiter pour découvrir la faune aviaire et les animaux terrestres qui vivent sur les îles.