Umuganda : tout savoir sur cette journée de travail communautaire obligatoire au Rwanda

L’Umuganda est une journée de travail communautaire qui se déroule tous les mois au Rwanda. Elle consiste à rassembler les citoyens afin de réaliser des travaux d’intérêt général et d’utilité publique. Inscrite dans la Constitution rwandaise, il s’agit d’une journée obligatoire : tous les individus âgés entre 18 et 65 ans doivent impérativement y participer sous peine de recevoir une amende. Découvrez en quoi consiste l’Umuganda et comment cette journée a contribué à faire du Rwanda, le pays le plus propre d’Afrique.

Qu’est-ce que la Journée de l’Umuganda au Rwanda ?

Au Rwanda, il existe une pratique communautaire qui implique tous les citoyens à se rassembler une fois par mois pour effectuer des travaux d’intérêt général : il s’agit de l’Umuganda. Cette journée de service communautaire est obligatoire et s’effectue à travers tout le pays.  

Quant à la signification de Umuganda en français, le terme peut se traduire du Kinyarwanda (la langue nationale du Rwanda) par « se rassembler dans un but commun pour atteindre un résultat ». 

Quelles sont les origines de l’Umuganda ?

L’Umuganda puise ses racines dans la société traditionnelle rwandaise. La pratique existait déjà avant la période coloniale et représentait également un système d’entraide au sein des communautés. Elle avait pour objectif d’encourager la participation citoyenne au développement national. Elle a été lancée après l’indépendance de 1962 et est devenu un programme gouvernemental officiel en 1974. 

L’Umuganda a pris une tout autre tournure durant le génocide du Rwanda. En effet, l’Umuganda s’apparentait davantage à du travail forcé qu’à une journée communautaire et le gouvernement a utilisé la tradition comme un moyen d'oppression et de division ethnique en renforçant le pouvoir des Hutus. Comme l’explique le journal Le Monde :

« Les chefs en profitaient pour exercer leur pouvoir sur ceux qu’ils n’aimaient pas. Pendant le génocide, l’umuganda a servi de prétexte pour augmenter la cadence des massacres, une sorte de compétition destinée à “couper plus de mauvaises herbes que les miliciens de la colline d’en face ».

À l’époque, le Front patriotique rwandais (FPR) avait promis de supprimer l’Umuganda, chose qu’il a fait après la fin de génocide. Ce n’est qu’au début des années 2000 que l’Umuganda a été réinstauré au Rwanda en tant que vecteur de valeurs écocitoyennes, politique d’éducation populaire et facteur de cohésion sociale. Cette initiative devait permettre de rassembler les communautés et de combler le déficit de main-d’œuvre dans un pays en ruine dont le génocide a fait plus de 800 000 morts. L’Umuganda a finalement été inscrite dans la loi en 2007 et est devenue obligatoire pour tous depuis. 

Quels sont les travaux d’intérêt général effectués lors de l’Umuganda ?

Les activités proposées lors de l’Umuganda ont toutes vocation à servir la communauté par le biais de différents projets d’intérêt général. Cela peut être :

• La construction et la rénovation d’infrastructures et d’équipements publics (écoles, ponts, routes, maisons...) ;
• Le nettoyage de la voie publique (routes, caniveaux, parcs, puits...) ;
• L’aide à des personnes en difficulté ou fragiles ;
• La tonte de l’herbe, l’élagage des arbres et buissons ;
• La plantation d’arbres ;
• Des examens médicaux gratuits (offerts par les citoyens de profession médicale par exemple)...

À noter que toutes les actions entreprises lors de l’Umuganda sont décidées, à l’échelle locale, par un comité de supervision composé d’élus sur la base des propositions des citoyens. Les collectivités peuvent être amenées à fournir du matériel et des outils aux populations locales.

Qui participe à l’Umuganda ? Dans quelles mesures est-ce obligatoire ?

L’Umuganda est inscrit dans la Constitution rwandaise : tous les rwandais âgés de 18 à 65 ans ont l’obligation d’y participer tous les mois. Même les dirigeants et les autorités s’y joignent afin de manifester un principe d’exemplarité et de lutter contre les distinctions de position hiérarchique. Seuls les individus qui ne sont pas en état de participer (pour des raisons médicales par exemple) sont autorisés à ne pas prendre part à ce programme de conscription civile. 

En fin de compte, l’Umuganda est la manifestation du principe d’égalitarisme au sein des communautés. Le non-respect de l’Umuganda peut être sanctionné par la loi. En effet, l’absence non justifiée peut entraîner une amende de 1000 à 5000 RWF. Outre l’amende, la non-participation à l’Umuganda peut avoir des répercussions sociales, comme l’explique Radjab Mbonyumuvunyi, maire du district de Rwamagana, dans un entretien pour Le Monde.

Selon lui, le fait de ne pas participer au travail communautaire pourrait surtout faire passer le contrevenant pour « un lâche, ce qui est plus grave qu’une amende", prévient le maire. Il pourrait aussi se faire blâmer lors d’une réunion publique et perdre sa crédibilité ».

D’après un rapport commandé en 2023 par le Rwanda Governance Board, 95,7 % de la population participerait à l’Umuganda.

Quant aux touristes de passage au Rwanda lors de l’Umuganda, ils sont invités à participer aux travaux communautaires s’ils le souhaitent, bien qu’il n’y ait aucune pénalité en cas de non-participation pour les visiteurs et les expatriés.

Quand a lieu la journée de l’Umuganda au Rwanda ?

L’Umuganda se déroule tous les mois à travers tout le pays. Il a lieu le dernier samedi de chaque mois, de 8h à 11h du matin. 

L’Umuganda, une pratique qui contribue à faire du Rwanda, le pays le plus propre d’Afrique

Malgré son lourd passé et son histoire tragique, le Rwanda a su opérer un virage à 180 °C depuis le génocide. En effet, le pays peut se targuer d’être considéré comme le pays le plus propre d’Afrique. Sur le bord des routes, on ne voit presque jamais de plastiques et autres déchets, les routes sont souvent très bien entretenues et on trouve de nombreux espaces verts dans les villes du pays, notamment à Kigali. 

En mobilisant les citoyens à entretenir et nettoyer les lieux publics, l’Umuganda a largement contribué à ce titre de pays vert et propre. En parallèle, de nombreuses mesures ont été mises en place pour faire du Rwanda, un pays plus écologique. En 2008, par exemple, le Rwanda est devenu le premier pays d’Afrique à avoir interdit l’utilisation de sacs en plastique sur son territoire. Autant de projets qui ont permis de faire du Rwanda, l’un des pays les plus verts, mais aussi les plus sûrs d’Afrique. L’ONU a même élu Kigali comme étant « la meilleure capitale africaine ». 

Pour aller plus loin, découvrez pourquoi partir au Rwanda lors d’un prochain voyage ?

Florine Dergelet